L’or est un refuge en cas de stagflation prolongée

Par Swann Collins, investisseur, écrivain et consultant en affaires internationales, le 3 juillet 2022

Les hausses des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine les 16 mars, le 4 mai et le 15 juin commencent à avoir l’effet escompté : aux États-Unis, la demande de biens et de services diminue au niveau qui avait forcé la Fed à intervenir en 2020. La baisse de la demande a également frappé le marché immobilier américain, en raison de la hausse des taux des crédits immobiliers.

Le 15 juin, les gouverneurs de la Réserve fédérale s’accordèrent sur une hausse des taux de 0,75 point de pourcentage du taux directeur lors de leur réunion de politique monétaire de deux jours. Par cette hausse, la Fed releva le taux de référence des fonds fédéraux à une fourchette comprise entre 1,5% et 1,75%, une hausse inédite depuis 1994. Cette hausse augmenta l’inquiétude des investisseurs et marchés boursiers, qui craignent depuis mars 2022 les effets des hausses des taux d’intérêt sur la disponibilité des liquidités.

Mais la hausse soudaine des taux d’intérêt a fait grimper aux Etats-Unis le taux moyen des prêts immobiliers à 30 ans à 5,81%. Un calcul simple : pour que les mensualités d’un tel prêt soient les mêmes qu’en début d’année, le prix de l’immobilier devrait baisser de 23% ! Ce qui n’est pas encore le cas, mais pourrait arriver vers la fin 2022 et en 2023. La bulle immobilière actuelle aux Etats-Unis va dégonfler en raison de la hausse des taux directeurs de la Fed et des taux des crédits immobiliers.

Par conséquent, la chute des prix de l’immobilier dans les mois à venir est garantie, et la demande en souffrira encore plus. Compte tenu de ces chiffres, il sera très difficile d’éviter une récession aux États-Unis, le secteur immobilier jouant un rôle si important dans l’économie du pays. Pour l’Europe, la situation est la même. Les politiques accommodantes de la Banque centrale européenne (BCE) depuis 2010, à l’instar de la Fed aux Etats-Unis, ont produit les mêmes effets : bulles des actifs boursiers et immobiliers, défaut d’investissements productifs dans l’économie réelle, retour de l’inflation.

Malgré la baisse de la demande, les prix des produits de base restent trop élevés pour une baisse soutenue de l’inflation. En Europe, par exemple, les prix du diesel atteignent de nouveaux sommets historiques. Le prix du gaz naturel recommence également à augmenter après une brève accalmie.

En Europe, le prix du charbon a également culminé à environ 424 dollars la tonne, dépassant le maximum atteint immédiatement après le déclenchement du conflit militaire en Ukraine. A titre de comparaison : il y a un an en Europe, le charbon était vendu à un prix d’un peu plus de 100 dollars la tonne. En ce qui concerne la chaîne d’approvisionnement, la situation s’améliore, mais très lentement.

L’inflation dans la zone euro en juin a atteint un maximum historique. Si en mai le chiffre annuel dépassait 8%, il a maintenant franchi la barre des 8,5%. 

À court terme, rien n’indique que les conditions reviendront à un état de bonne santé économique, ce qui exclut une baisse rapide de l’inflation à un niveau acceptable. Une baisse de la demande, une accélération de la croissance des prix de l’énergie – tout cela signifie qu’une stagflation à long terme peut se produire en Europe.

La stagflation se produit lorsque les prix continuent d’augmenter au milieu d’une récession et d’un chômage élevé. C’est un cauchemar pour les gouvernements et les banques centrales. Si ce scénario se confirme, nous devons nous préparer à des actes de désespoir politique.

En France, le gouvernement a sacrifié sa première compagnie d’électricité pour limiter la hausse des prix de l’électricité : la compagnie d’électricité publique EDF s’endette lourdement pour atténuer l’impact du marché haussier sur les consommateurs. Une telle politique est une menace directe pour l’entreprise, qui sera sans aucun doute nationalisée en dernier recours.

Aux États-Unis, l’administration démocrate du président Biden tente également d’atténuer les effets de la hausse des prix de l’essence en inondant le marché de réserves stratégiques. Mais que se passe-t-il si la lutte contre la stagflation ne fait que commencer ? Que fera la Maison blanche lorsque les réserves stratégiques de pétrole seront épuisées ? Les prix continueront de monter fortement.

Dans ce cas, on peut s’attendre à des mesures beaucoup plus sévères : contrôle des prix, taxes supplémentaires sur les producteurs, barrières tarifaires, etc. Les moyens classiques de contrôle des prix seront bientôt à nouveau sur toutes les lèvres. Mais, logiquement, ces décisions n’entraîneront pas une baisse du niveau des prix, puisque les produits de base sont des biens du commerce international et que le gel des prix dans un pays ne contribuera qu’à l’utilisation des possibilités d’arbitrage dans d’autres pays. Le contrôle des prix créera des pénuries et les problèmes d’approvisionnement local seront un catalyseur supplémentaire d’une récession. Espérons que ceux qui prendront ces décisions sont conscients du risque!

L’or comme actif de protection

L’or est un excellent actif pour protéger son patrimoine en cas de stagflation prolongée, en particulier face à une offre physique réduite.

D’une part, cela est dû aux difficultés rencontrées par les sociétés minières, qui annoncent l’une après l’autre de futures réductions de production. En Afrique du Sud, par exemple, la production d’or est inférieure de près de 30% à celle de l’année dernière 2021.

D’autre part, les tensions géopolitiques actuelles pourraient également limiter considérablement l’offre d’or physique. Les pays du G7 ont décidé de boycotter l’or de la Russie, ce qui leur ferme l’accès à l’or extrait ou transformé en Fédération de Russie. Le monde va bientôt se scinder en deux blocs : d’un côté, les pays occidentaux, de l’autre – les BRICS, qui ne partagent pas l’attitude du G7 envers la Russie. L’Argentine et l’Iran, soit dit en passant, ont récemment demandé à rejoindre les BRICS. L’Arabie saoudite serait aussi intéressée par une adhésion au groupe. En outre, la Russie et la Chine veulent créer une nouvelle monnaie de réserve, alternative au dollar américain.

Que se passera-t-il si demain on apprend qu’une partie de l’or russe est utilisée dans le commerce de la Russie avec les pays BRICS ? Les pays occidentaux devraient-ils alors également renoncer à l’or physique de ces pays, que sont la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil ? Ces pays sont les principaux producteurs d’or dans le monde (top 15).

En ce qui concerne les prix, la décision d’embargo sur les importations d’or russe pourrait avoir les mêmes conséquences que sur le pétrole. Un boycott crée une pénurie d’approvisionnement, ce qui entraîne une hausse des prix. Les barrières commerciales et le contrôle des prix exacerbent l’inflation et augmentent le risque de récession, en particulier en Europe.

Pour l’ensemble de ces raisons, les prix de l’or vont monter lors des prochains mois, et les tentatives de manipulation du marché de l’or par les banques centrales, en vendant leurs actifs, ne compensera pas cette pression à la hausse.

Dans un contexte de forte inflation en Europe, investir dans l’or est définitivement une solution rationnelle pour préserver son patrimoine.

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A propos de l’auteur : Swann Collins est investisseur, écrivain et consultant en affaires internationales. Il a publié plus de 100 articles spécialisés dans l’économie, la finance et les investissements.

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